

Après trois jours de cavale, le meurtrier de la mosquée de La Grand-Combe s'est livré en italie
Après deux jours et demi de cavale, un Français de 21 ans s'est rendu à la police italienne, avouant être le meurtrier d'Aboubakar Cissé, ce jeune Malien lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi matin dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe.
L'homme s'est rendu dimanche soir vers 23H00 à la préfecture de police de Pistoia, près de Florence, "en compagnie d'un avocat et d'un proche parent résidant dans cette commune", a précisé à la mi-journée lundi la police italienne dans un communiqué.
Le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, avait annoncé tôt lundi matin cette reddition, exprimant sa "très grande satisfaction" et soulignant que le suspect n'avait pas "d'autre issue" que de se rendre face à la "détermination" des enquêteurs lancés à ses trousses.
La préfecture de police de Pistoia a identifié le meurtrier d'Aboubakar Cissé comme étant "Oliver Hadzovic", âgé de 21 ans. Jusque-là son nom avait circulé comme "Olivier A.", un homme né à Lyon en 2004, de nationalité française et d'une famille bosnienne.
Il "a déclaré être l'auteur de l'homicide d'un fidèle musulman, commis le vendredi 25 avril dernier dans la mosquée +Khadidja+ dans la commune de La Grand-Combe en France", a précisé le communiqué des enquêteurs italiens, ajoutant que les policiers et magistrats italiens sont désormais en contact avec leurs homologues français pour "garantir" qu'il "soit remis à la justice" française.
Sur le réseau X, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a félicité "chaleureusement" les "magistrats et les enquêteurs" pour l'arrestation de cet homme considéré comme "extrêmement dangereux" qui était traqué par plus de 70 policiers et gendarmes français.
Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée vendredi juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, le meurtrier se félicitait de son acte et insultait la religion de sa victime: "Je l'ai fait, (...) ton Allah de merde", avait-il répété à deux reprises.
- "Deux poids, deux mesures" -
"Je l'ai dit et je le confirme, la piste de l'acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée", mais le meurtrier avait "certainement d'autres motivations", comme "l'envie d'être considéré comme un tueur en série" notamment, a souligné lundi sur BFMTV M. Grini.
Sur la même chaîne, Mourad Battikh, l'un des avocats de la famille de la victime, a une nouvelle fois jugé "absolument choquant" que le parquet national antiterroriste (Pnat) ne se soit toujours pas saisi de ce dossier, déplorant au passage que le ministre de l'Intérieur ne se soit pas rendu immédiatement sur les lieux à La Grand-Combe et ait attendu dimanche pour finalement s'exprimer à la sous-préfecture d'Alès.
"Moi, la vidéo que j'ai pu voir, il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que c'était un acte terroriste": "Mettez-vous à la place des fidèles, qui ont l'impression et le sentiment que ce +deux poids, deux mesures+ se matérialise un peu plus chaque jour, c'est absolument choquant", a ajouté l'avocat.
"Il n'y a aucun +deux poids, deux mesures+" dans la réaction du gouvernement, a rétorqué la porte-parole de l'exécutif, Sophie Primas, alors que la gauche généralement accuse le ministre de l'Intérieur d'avoir tardé à réagir. "Bruno Retailleau est très déterminé à lutter contre toutes les formes de ségrégations, de stigmatisation et de violence, contre quelque communauté que ce soit, y compris bien entendu sur nos compatriotes musulmans", a-t-elle affirmé à l'issue du Conseil des ministres.
Le procureur d'Alès a aussi révélé lundi que le mis en cause, une personne sans emploi avec des attaches dans le Gard, jusque-là "restée sous les radars de la justice et des services de police", avait "manifestement bénéficié de complicités" pour se rendre en Italie.
A La Grand-Combe, une marche blanche en souvenir de la victime, avait rassemblé plus d'un millier de personnes dimanche.
Parmi eux, Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes, n'avait pas caché son "sentiment de colère et de haine à l'égard de ceux qui ont commis ce crime", dénonçant un climat islamophobe.
Plusieurs centaines de personnes s'étaient également rassemblées en début de soirée à Paris, dont le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui avait accusé Bruno Retailleau de cultiver un "climat islamophobe".
"Le racisme et la haine en raison de la religion n'auront jamais leur place en France", avait assuré dimanche après-midi le président Emmanuel Macron, en adressant "le soutien de la Nation" à la famille de la victime et "à nos compatriotes de confession musulmane".
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E.K.Friedrich--NRZ