

Rencontre Trump-Zelensky en marge des funérailles du pape
Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont eu une rencontre "très productive" selon la Maison Blanche, samedi à Rome en marge des funérailles du pape, au moment où le président américain met la pression pour arriver vite à un cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie, et où Kiev craint de se faire forcer la main.
Aucun détail n'a filtré sur le contenu de leur discussion, mais la Maison Blanche a promis de fournir plus d'informations ultérieurement sur cette première rencontre depuis l'échange houleux à Washington le 28 février, quand Donald Trump et son vice-président JD Vance avaient littéralement tancé le président ukrainien.
Des dizaines de chefs d'Etat ou de gouvernement et de hauts responsables ont convergé vers Rome samedi pour les funérailles du pape François, ouvrant la possibilité à de multiples rencontres diplomatiques. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a échangé une brève poignée de main avec Donald Trump en pleine tensions commerciales entre l'UE et les Etats-Unis.
Donald Trump a assuré dans la nuit de vendredi à samedi que la Russie et l'Ukraine étaient "très proches d'un accord", sans en dévoiler le contour, tandis que son homologue russe Vladimir Poutine, avec lequel il a entamé depuis plusieurs mois un rapprochement sensible, a évoqué la "possibilité" de "négociations directes" entre Moscou et Kiev.
Il n'y a eu aucune négociation directe entre les deux belligérants pour discuter d'un arrêt du conflit depuis celles qui ont échoué en 2022.
L'émissaire américaine Steve Witkoff, interlocuteur américain privilégié du Kremlin, a rencontré Vladimir Poutine vendredi, pour la quatrième fois depuis la relance des relations entre les deux puissances à l'initiative du président américain, et plusieurs officiels russes ont affirmé que le dialogue russo-américain progresse de manière positive.
Parallèlement à ce rapprochement, Donald Trump, dont les équipes négocient séparément avec les Ukrainiens, a multiplié les critiques contre Volodymyr Zelensky, accusant l'Ukraine d'être un obstacle à la fin de la guerre, et plaçant le président ukrainien sous une très forte pression étant donné qu'il a un besoin vital du soutien militaire américain pour résister à l'invasion russe à grande échelle lancée en février 2022.
Donald Trump, qui avait affirmé pendant sa campagne électorale qu'il pourrait mettre très rapidement un terme à la guerre, semble vouloir forcer la main de Volodymyr Zelensky pour entamer un processus de règlement du conflit, mais Kiev craint que son protecteur américain le contraigne à accepter des conditions trop favorables au Kremlin, que ce soit sur d'éventuelles concessions territoriales ou les garanties de sécurité à l'Ukraine.
Le président américain a ainsi assuré au magazine Time, dans un entretien réalisé mardi et diffusé vendredi, que la Russie conserverait la Crimée, une péninsule ukrainienne qu'elle a annexée en 2014 et dont la reconnaissance en tant que territoire russe est mentionnée, selon des médias, dans la proposition américaine de règlement.
"La Russie gardera la Crimée. Et Zelensky comprend ça", martèle ainsi le président américain dans Time à propos de cette péninsule stratégique donnant accès la mer Noire.
Mais le président ukrainien a réfuté cette idée en martelant vendredi que "tous les territoires temporairement occupés appartiennent à l'Ukraine".
Donald Trump a aussi fait de nouveau porter à l'Ukraine la responsabilité du conflit, considérant que "ce qui a fait commencer la guerre, c'est quand ils (les Ukrainiens, ndlr) ont commencé à parler de rejoindre l'Otan", reprenant de facto les éléments de langage diffusés par la Russie depuis des années.
C'est l'armée russe qui a envahi à grande échelle le territoire ukrainien en février 2022, déclenchant un conflit sans précédent en Europe depuis des décennies.
Les possibles concessions territoriales qui seraient exigées de Kiev dans le cadre des projets américains sont très clivantes en Ukraine, pays dont la Russie contrôle aujourd'hui environ 20% de la superficie.
"Un des scénarios (...) serait d'abandonner des territoires. C'est injuste, mais pour la paix, une paix temporaire, peut-être que c'est une solution, temporaire", a jugé le maire de Kiev, Vitali Klitschko, à la BBC vendredi.
Parallèlement à cette effervescence diplomatique, la Russie continue de lancer des frappes massives contre l'Ukraine, pour bien marquer l'ascendant militaire qu'elle consolide progressivement depuis des mois.
Kiev et ses alliés européens accusent la Russie de prolonger à dessein les pourparlers en présentant toujours publiquement des exigences maximalistes: le contrôle des cinq régions ukrainiennes dont elle revendique l'annexion, la renonciation de l'Ukraine à rejoindre l'Alliance atlantique et sa démilitarisation.
L'Ukraine veut des garanties de sécurité militaires solides de ses alliés occidentaux pour dissuader Moscou d'attaquer à nouveau après la conclusion d'un éventuel cessez-le-feu.
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P.Heller--NRZ