

24 Heures motos: Mélodie Coignard, pilote au nom de l'égalité hommes-femmes
"Quand on met un casque, on est pilote avant tout": dans un sport quasi-exclusivement masculin, la Française Mélodie Coignard, attendue samedi au départ des 24 Heures du Mans motos, montre que les femmes aussi ont leur place sur les circuits.
A l'aube de ses troisièmes "24 Heures", la jeune femme de 32 ans savoure son retour sur le célèbre tracé manceau: "c'est vraiment une course réputée, quand on commence la moto, on espère tous pouvoir un jour y participer".
Avec sa coéquipière Amandine Creusot dans les rangs de l'équipe AG Racing, elle seront les seules femmes engagées dans l'épreuve, sur quelque 200 participants. William Wallart et Maxime Verger complètent l'équipe.
"Contrairement au foot ou au basket, où on ne joue pas contre des garçons, nous, nous avons la chance de pouvoir concourir avec eux, on veut l'égalité hommes-femmes", défend-elle dans un entretien à l'AFP.
Elle a eu le "déclic" en passant le permis moto 125 cm3 "à 16 ans", puis son "permis gros cube à 18".
"Quand on m'a mis sur la piste, ça a été une révélation et je me suis dit +j'ai envie de faire ça tous les jours de ma vie+", affirme-t-elle.
- Double championne de France -
Arrivée tardivement en compétition "comparé à certains pilotes du paddock qui ont commencé enfants", c'est après un déménagement à Nice que la Parisienne se lance.
"On m'a proposé de faire une journée +piste+ - je ne savais absolument pas qu'il était alors possible pour le commun des mortels de pouvoir faire ça. Et j'ai adoré". Elle avait 18 ans.
"J'ai débuté par des courses sur route, des courses de côte et des rallyes routiers. Mais je continuais aussi à beaucoup m'entraîner sur piste, je ne voulais pas arriver en compétition et être dernière. J'avais peur de gêner", se souvient-elle.
"Et quand je me suis sentie prête, j'ai commencé tout doucement à faire des courses" sur circuits.
En 2015, à 22 ans, Mélodie Coignard s'élance pour sa première compétition à l'occasion du Bol d'Argent, une course de trois heures organisée en marge du célèbre Bol d'Or sur le circuit Paul Ricard (Var). Elle termine 26e au guidon d'une moto flanquée du N.93... comme son idole, l'Espagnol Marc Marquez, sextuple champion du monde de MotoGP.
L'année suivante, elle participe en ouverture des 24 Heures du Mans motos à la première course de la Women's Cup, un championnat de vitesse moto dédié aux femmes pilotes en France.
"C'était ma deuxième course de vitesse et ma première fois au Mans", se souvient-elle aussi. "Et par la suite, j'ai fait trois fois le championnat et remporté deux titres de championne de France féminine en Women's Cup".
- Engagement écologique -
Dimanche, Mélodie Coignard espère terminer dans le Top 10 de la catégorie intermédiaire "Superstock", qui engage des motos quasiment de série prisées des équipes amateurs, ce qui serait son meilleur classement sur l'épreuve.
"Cette course, je la fais pour moi, mais aussi pour lui", dit-elle encore, évoquant son compagnon, ingénieur et pilote Stéphane Egea, vainqueur en Superstock en 2021 et décédé en décembre.
Quand elle n'est pas sur les circuits, cette Marseillaise d'adoption est vendeuse chez un concessionnaire motos.
Engagée pour la cause environnementale, elle profite de sa présence dans les paddocks pour faire valoir son combat: depuis deux ans, la jeune femme aidée d'un sponsor, explique avoir mis en place des actions concrètes autour du recyclage et de l'usage des biocarburants.
"On a aussi des projets de préservation de la biodiversité", souligne-t-elle. "Nous menons des actions sur le terrain pour protéger les espèces et restaurer les écosystèmes".
Elle défend aussi son sport, qui "peut devenir un laboratoire de solutions pour un avenir plus responsable et être un acteur positif pour la planète".
P.Heller--NRZ